Carl Sagan : The Demon-Haunted World: Science As a Candle in the Dark

Le titre du livre de Carl Sagan résume très bien le propos du livre : la science comme un guide. Un des rares athées populaires aux Etats-Unis Carl Sagan a été un grand vulgarisateur et ce livre nous permet de comprendre pourquoi. Il n’est pas là pour démystifier tel ou tel canular de pseudo-chercheur en particulier mais pour montrer pourquoi le raisonnement scientifique est un moyen de se protéger du relativisme absolu d’une part mais aussi de faire preuve d’ouverture d’esprit nécessaire pour mener de grandes découvertes d’autre part.

Le phénomène des OVNIs occupent une grand part de la première partie du livre : depuis la fin de la seconde guerre mondiale ces histoires d’enlèvements ou d’apparitions d’extra-terrestres sont de plus en plus courantes. Carl Sagan est un grands enthousiaste de la recherche d’autres formes de fin dans la galaxie. Mais il faut dire que la plupart des recontres du troisième type  recencés seraient assez mesquines pour des êtres venus d’un autre monde. Le plus souvent une explication beaucoup plus simple est à l’origine de ces “aventures” (phénomènes naturels exceptionnels, projets militaires secrets durant la guerre froide, …). Cela amène l’auteur a remonté le temps  et a nous parlé des persécutions qu’ont connues les personnes traitées de sorcières ou de possédés par les autorités religieuses. Le plus souvent victimes d’hallucinations ceux-ci servaient d’exemples. Il est ironique de penser qu’aujourd’hui certaines religions valident des miracles qui autrefois auraient conduit au bûcher.

La partie qui m’a le plus intéressé est sans doute celle sur l’état d’esprit qui veut que le raisonnement scientifique soit trop restricitif, pas assez ouvert sur le monde. Je ne parle de la sempiternelle “science sans conscience” (bien que très bien abordée et documentée dans ce livre avec l’exemple de la bombe atomique) mais plutôt de cette “haine” latente envers le rationalisme. Ce qui est scientifque doit être obligatoirement froid, sans rêve, sans imagination pour certains. Carl Sagan nous montre tout au contraire qu’un sceptique doit être ouvert pour faire un bon scientifique. On doit considérer toutes les hypothèses et les juger à l’aune de leur résultats. Ce sont souvent les adversaires des rationalistes qui se ferment aux hypothèses et aux explications les plus simples. Avez-vous déjà visité la galerie de photos de la NASA ? Elles peuvent être sources de beaucoup plus de rêves et d’étonnements que les discours de pseudo-pourfendeurs de la science qui proclament que l’homme-n-est-pas-une-machine.

La dernière partie est orientée sur l’implication politique d’être rationaliste, sur la necessité d’avoir une éducation scientifique la plus large : que ça soit à l’école ou à la télévision (ce livre date de 1995, on sait maintenant que la télévision est irrécupérable, Internet donne plus d’espoirs). Le propos est plus général : combattre les inégalités, l’exemple de la lecture comme moyen d’émancipation des esclaves noirs américains ou encore les initiatives pour faire connaître le raisonnement rationaliste aux enfants.

Ce livre est d’autant plus d’actualité que les chrétiens républicains ont largement dépassé les tarés des ovnis des années 50 dans la déformation de la réalité des faits et qu’en France les raisonnements relativistes-simplistes érigés en pensée philosophique.

billet publié dans les rubriques readings le