Giovanni’s room - James Baldwin

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Il y a une multitude de listes dites de “livres essentiels” i.e. que tout le monde devrait avoir lu. Étant du genre “complétiste”, j’essaie de ne pas trop les regarder sinon je m’engouffrerais dans une quête sans fin.

Le roman de James Baldwin, Giovanni’s room, est sur de nombreuses de ces listes. Située dans la France des années 50, l’histoire est celle d’un jeune américain, David, qui se réfugie sur le vieux continent. Il ne fuit pas une situation dangereuse mais son environnement familial, bien qu’on pourrait le qualifier de “normal”, est claustrophobe.

Il navigue dans les cercles artistiques de Paris. Il a une fiancée, une sorte d’assurance de normalité, lui qui vit des aventures avec des hommes, notamment le fameux Giovanni. Ce dernier a un caractère et une vie plus tumultueux. Ils se rencontrent dans un bar où l’italien est employé. Il y a autour d’eux de plus vieux gays, dont le patron de l’établissement, qui servent de portefeuilles.

James Baldwin a quitté les USA pour la France afin d’y trouver plus de libertés, fuyant le racisme. On peut s’étonner car la France des années 50 ne devait pas être beaucoup plus accueillante pour un homme de couleur. Mais l’auteur est bien entouré, il vit dans un cercle peut-être pas fortuné mais protégé et culturellement aisé.

L’histoire est celle d’une triple isolation de la part de David. Isolation de sa famille, de son pays et de sa sexualité. On sent assez vite que qu’il n’y aura pas une fin heureuse. C’est écrit à la première personne, du point de vue de David, on ne connaît donc pas l’état d’esprit des autres protagonistes mais Giovanni a aussi sa part de drames personnels qu’on apprend dans la dernière partie.

Publié en 1956, et au-delà du style, on peut comprendre qu’il est devenu un classique. Apparemment son éditeur avait peur que d’écrire du point de vue d’un homme blanc allait aliéner son public de lecteurs noirs. James Baldwin a su écrire sur un sujet tabou avec la honte qui imprègne et ronge les personnages mais sans tomber dans le misérabilisme.

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