It's a Sin

dont’go home
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On a regardé il y a quelques semaines une mini-série TV appelée « It’s a Sin ». Composée de 5 épisodes, elle raconte le début de l’épidémie du VIH dans l’Angleterre des années 1980.

On est entre de bonnes mains, le créateur est Russell T Davies. Il est derrière Queer as Folk, une partie de Doctor Who, etc. Mais le sujet est moins léger et ce n’est pas une série qu’on va « binge watcher » (faire du visionnage boulimique). Il faut prendre des pauses entre les épisodes, absorber les émotions.

Je n’ai pas connu ces années, très sombres, mais j’ai grandi adolescent et jeune adulte avec le spectre de la maladie. Il y avait un gros effort de prévention dans le milieu scolaire. Le SIDA n’était pas encore rendu au stade chronique. Et même s’il n’était plus fatal, un diagnostic positif était encore synonyme de grandes souffrances.

Les 5 épisodes suivent le parcours d’un groupe de jeunes homosexuels qui partagent un appartement. Ils commencent soit leur vie professionnelle soit leurs études universitaires. Ils découvrent une vie sexuelle beaucoup plus libre que dans leur ville natale respective. Il y a Ritchie, le personnage central, qui entame une carrière d’acteur/chanteur, Roscoe, le barman d’origine nigériane, Colin, apprenti tailleur, Ash, un instituteur issu d’une famille indienne et Jill leur copine qui est aussi actrice.

On tombe malade. Au début, cela frappe de vagues connaissances, qui disparaissent chacune à leur tour. On parle d’une sorte de cancer qui touche la communauté gay aux USA. L’insouciance n’est pas entamée sauf pour Jill qui est au chevet des premiers malades et comprend que ce n’est pas une maladie cantonnée aux Yankees. Elle essaie de se renseigner mais elle est face au mur silencieux et réprobateur du corps médical.

C’est à ce moment que la série prend une tournure plus sombre. On voit l’ignorance isoler les personnes infectées, les parquer dans des ailes d’un hôpital et les laisser mourir. La famille a tous les droits dont celui de couper du reste du monde leur fils mourant. Il y a peu de traitements disponibles, on meurt vite.

Dans les pays riches, les traitements disponibles ont rendu la maladie presque chronique. Cela reste un fléau dans les pays en voie de développement. Selon la fiche Wikipedia:

Le VIH / SIDA, ou virus de l’immunodéficience humaine, est qualifié par l’OMS d’« épidémie mondiale » et est considéré par certains comme une pandémie. D’après ONUSIDA, à travers le monde, 38 millions de personnes vivent avec le VIH et 1,7 million ont été nouvellement infectées en 2020. Depuis le début de l’épidémie, il est estimé que 76 millions de personnes ont contracté ce virus et que peut-être 38 millions en sont morts. À ce jour, il n’existe aucun remède contre le VIH. Cependant, des traitements, des programmes d’éducation, des soins médicaux appropriés et un soutien ont été mis en place pour accompagner les porteurs du virus.

Le série rend bien compte de l’atmosphère de cette période. Elle m’a fortement marqué par le désemparement général. Ces jeunes adultes avaient la vie devant soi. Il y a cette scène dans le premier épisode où ils s’imaginent tous dans quelques années avec tel job, telle carrière ou vie. Mais ils sont fauchés. Ils meurent seuls, isolés dans une famille qui les supporte à peine ou au contraire les étouffe.

Je ne raconterai pas la scène finale qui est terrible mais les destins de Colin et Ritchie m’ont le plus touché. Lors d’un épisode de la saison 3 Ritchie et sa nouvellement embauchée agent discutent d’un autre aspirant acteur qui a « disparu ».

Turns out he’s gone home. For good. There’s a lot of boys who go home these days And I don’t think we’ll ever see them again. Do you? Ritchie … promise me. Don’t go home.

Notre ami Bill Bytsura, photographe, a publié un livre « The AIDS Activist project » qui documente l’engagement de la communauté New Yorkaise pour combattre cette maladie. C’est un très beau livre et une belle façon de rendre hommage, je vous invite à acheter un exemplaire.

couverture du livre
couverture du livre
(https://www.billbytsura.com/products/the-aids-activist-project)

Billet publié dans les rubriques Everything Else le