Notes de lecture du livre Antimanuel de l'éducation sexuelle de Marcela Iacub et Pascal Maniglier
Marcela Iacub n’est pas très appréciée des féministes ce qui en fait une personne à écouter. Juriste de formation elle a déjà écrit sur la dérive du système judiciaire français des livres ardus mais aussi d’autres plus accessibles. Je n’avais lu que « Qu’avez-vous fait de la libération sexuelle ? », l’antimanuel de l’éducation sexuelle écrit avec Patrice Maniglier semble être une synthèse sur la vision qu’on peut avoir des relations hommes-femmes et plus largement des questions sexuelles dans notre société 30 ans après la « révolution sexuelle ». Tout y passe : le viol, la pédophilie, le mariage gay, l’avortement, le SIDA, la prostitution etc. Il est frappant de voir une société qui se dit libérée des tabous du sexe avoir tant de problèmes qui n’arrêtent pas de s’accumuler : la France est un des pays ayant la plus forte population carcérale liée à des crimes sexuels (23%, part ayant presque doublée depuis seulement 1996 à comparer aux 4% aux Pays-Bas et 9% en Belgique). Crimes dont les peines sont presque égales à celles condamnant un homicide.
S’il y a bien un sujet où le politiquement correct a commis des ravages c’est bien celui du sexe. Pornographie, prostitution voilà de beaux combats pour ceux qui sont contre le malheur et pour le bonheur et qui militent. Dans un pays comme la Hollande où l’hygiène sexuelle est un droit, les prostituées sont protégées par le principe de « neutralité éthique » de l’Etat, celui-ci à décider de réunir les meilleures conditions possibles afin d’éviter les situations sordides auxquelles nous pouvons assister en France en marginalisant les prostituées. Le droit français en matière sexuelle repose sur le consentement mais pas le consentement rémunéré … Le consentement doit donc être un « vrai » consentement, un consentement moral ; pas très révolution sexuelle tout ça. La majorité sexuelle se situe à 15 ans mais les parents peuvent s’opposer aux relations de leurs enfants, ces derniers n’ont par contre aucun recours pour justifier de leur consentement.
Chaque chapitre est agrémenté d’images et de textes, poèmes, articles, le tout forme un livre très intéressant. Il peut aider à s’y retrouver dans le malaise qu’on peut ressentir aux vues des affaires, des procès, des reportages alarmants etc. Vous avez dit Outreau ?
Update : un long article de Maureen Dowd dans le NY Times Magazine me semble une lecture instructive après avoir lu ce livre.
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