Notes de lecture du livre Effondrement de Jared Diamond
Le titre complet de l’ouvrage de cet universitaire américain est Effondrement, comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie. L’étendue de sa recherche est impressionnante : de l’état du Montana aux Vikings du Groenland en passant par les Mayas, l’île de Pâques, le Rwanda ou l’Australie contemporaine.
Il y a d’abord un mythe auquel Jared Diamond essaie de s’attaquer : notre société moderne est une société qui a oublié de vivre en harmonie avec la nature. Nous sommes devenus des êtres sans conscience écologique et nous détruisons le monde dans lequel nous vivons. En passant de longs chapitres sur la société de l’île de Paques ou celle des Mayas, l’auteur nous montre que l’idéal des humains vivant de la chasse et de la cueillette est très rare. Les habitants de l’île de Paques ont complétement disparus car aveuglés par une concurrence religieuse (la construction des statutes) ils ont complétement épuisé leurs forêts et leurs réserves de poissons. Quand le premier explorateur européens est arrivé sur cette île, le plus grand arbre ne mesurait pas plus de 3m…
Il y a aussi la question de l’adaptation à l’environnement. Les Vikings du Groenland n’ont pas abondonné les valeurs européennes et ceci a beaucoup contribué à leur échec d’installation contrairement aux Inuits qui sont encore sur l’île. Le changement climatique qu’ils ont connus (le petit âge de glace) après leur arrivée (avant cela l’île semblait être un endroit fécond) a été un coup fatal. Le livre est aussi intéressant pour ça : les méthodes utilisées pour reconstituer le mode de vie de ces sociétés. Dans la cas des Vikings grâce à l’étude de carottes de glace et des détritus conservés on a pu en déduire le régime alimentaire de ce peuple et constater qu’il ne contenait peu de poissons, nourriture pourtant abondante.
Sur les société contemporaines il y aussi des paradoxes : la République dominicaine et Haïti qui partagent la même île ont connu des trajectoires d’évolution différentes. Haïti, pourtant située hors du continent africain, fait partie des pays les plus pauvres au monde. La dictatures qu’a connue la Républicaine dominicaine a eu un effet bénéfique : la préservation de ses forêts ce qui lui a évité une érosion dévastatrice pour son agriculture. Haïti qui compte une densité de population double de celle de sa voisine était pourtant plus riche. Mais quand les européens se sont désengagés de l’Amérique, Haïti s’est renfermée : interdiction de l’immigration et de l’investissement étranger. La République domincaine quant à elle les a favorisés.
L’Australie est aussi une illustration d’une société qui a maintenu artificellement un lien avec ses origines et qui s’est révélé être un handicap. L’Australie n’a reconnu son statut de nation asiatique que très récemment, cela a longtemps freîné les échanges avec ses voisins géogrpahiques. Ayant des conditions climatiques très dures et des sols relativement pauvres, la productivité de l’agriculture australienne est très médiocre. Mais cela n’êmpêche pas les autraliens de se considérer comme une nation “rurale”. Plus connu, l’importation d’animaux comme le lapin et le renard qui sont devenus un désastre écologique.
Il ya des sociétés qui ont réussi à bien s’adapter par des décisions venant du haut (comme au Japon où les seigneurs de guerre ont décidé de mettre en place une gestion responsable de la forêt au XVIIème siècle) ou du bas (l’île de Tikopia, grande de 16km² ou la Nouvelle-Guinée, toutes deux ayant une gestion raisonnables des ressources).
Jared Diamond finit par dresser la liste des défis actuels pour nos sociétés. C’est un tableau assez noir tant l’étendue des problèmes est grand mais il se veut optimiste (les deux exemples de certification de bonnes gestions des forêts et de la pêche récemment créées sont très informatifs). Il croit beaucoup en l’incitation : en dépassant la dénonciation du comportement des grandes entreprises telles que les compagnies pétrolières ou celles moins connues comme les entreprises d’extraction de minérais, l’action des consommateurs ou de groupes de pression telles que les clients de ces fournisseurs permet d’aller de l’avant. Les préoccupations écologistes sont aujourd’hui beaucoup plus présentes dans les débats et pas seulement dans les pays industrialisés. Il y a bien une chose qui distingue les sociétés étudiées de notre monde contemporain : la communication. Les Vikings, contemporains des habitants de l’île de Pâques, n’avaient aucune idée de ce qui se passer de l’autre côté du globe. De ses études nous pouvons en tirer des bénéfices concrets.
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