Notes de lecture du livre Faisal I of Iraq d'Ali A. Allawi

Irak est dans l’actualité depuis maintenant (trop) longtemps. Les derniers mois ont vu la montée en puissance de l’état autoproclamé islamique. La Syrie est le théâtre d’un affrontement entre forces rebelles et l’état depuis des années et au Yémen les rebelles Houtis ont délogé un président et combattent la section locale Al-Qaïda. Dans tous ces conflits il y a une composante religieuse du fait de la confrontation des sunnites et des shiites représentés par deux grandes puissances de la région : l’Arabie Saoudite et l’Iran.

Cela fait un moment que j’avais cet ouvrage dans ma file goodreads.com mais l’actualité lui a donné tout son sens. Le livre du premier ministre de la défense de l’ère post-Saddam Hussein nous transporte au début du XXème siècle, pas au commencement mais à une époque charnière de la péninsule arabique.

L’œuvre est une biographie du premier roi d’Irak, Faisal I. Il est le fils du Shérif de la Mecque, Hussein ben Ali. Il sera éduqué dans un premier temps avec les tribus de la région puis il va suivre une éducation dans la capitale de l’Empire Ottoman à Istanbul. Élu au parlement il va visiter Damas et faire connaissance avec le mouvement nationaliste arabe en Syrie.

La première guerre mondiale lui donne l’occasion de prendre la tête de ce mouvement en menant la révolte arabe contre les turques (alliée de l’Allemagne). Accompagné de Lawrence d’Arabie il va reprendre Médine, puis libérée Damas. Armé d’une reconnaissance militaire il participe à Paris à la conférence de paix en 1919. Mais il manque d’expérience diplomatique et les grandes puissances, dont principalement la France, ne veulent pas entendre parler d’une indépendance des pays arabes. Il devra accepter le mandat français sur la Syrie et le Liban et celui des britanniques sur la Palestine et l’Irak.

Il devient roi de Syrie en 1920 mais les français n’acceptent aucun compromis et les nationalistes syriens se rebellent vite contre l’occupant. Faisal est déchu et expulsé vers Égypte puis vers l’Angleterre. Celle-ci se confronte aux différentes factions en Irak et cherche une personne avec assez de stature pour diriger le pays. Faisal semble être le candidat idéal. En août 1921 il devient roi d’Irak. Il restera jusqu’à sa mort en Suisse en 1933.

Durant son règne il devra composer avec les britanniques qui cherchent à prolonger le mandat le plus longtemps possible, sachant toutefois que l’indépendance est inévitable. Mais aussi les différentes factions locales comme les shiites, les Kurdes, les Sunnites. Certains sont proches des britanniques car ils représentent le rempart contre la présence turque qui est menaçante au Nord, d’autres sont très hostiles à la présence occidentale. Faisal se retrouve au milieu, jouant dans l’ombre les uns contre les autres. Le royaume de son père est envahi par les wahhabites dans ce qui deviendra l’Arabie Saoudite.

Il obtiendra toutefois l’indépendance en 1932. Mais à ce moment-là des troubles apparaissent au Nord et le massacre par l’armée irakienne d’Assyriens fragilise le pays naissant.

J’ai beaucoup aimé la lecture de ce livre. Il donne assez de contexte sans être submergé par les détails. L’auteur aborde peu l’aspect personnel de la vie du dirigeant arabe. Sa femme est restée avec son père dans le royaume de Hedjaz, il a un style de vie simple. Je le recommande chaudement si on veut approfondir l’histoire de cette région. On comprend mieux les problèmes issus de l’invasion américaine qui en gagnant le guerre contre le dictature de Saddam Hussein a perdu la paix en remonté à la surface les problèmes inhérents de la société fragmentée irakienne.

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