Notes de lecture du livre Five Little Indians de Michelle Good
Je maintiens ma liste de livres à lire et lus dans une app pour iOS et iPadOS : Book Track. J’utilisais auparavant GoodReads mais depuis le rachat d’Amazon le site et les apps n’ont pas beaucoup évolué. J’y maintiens toujours mes listes en parallèle mais plus en sauvegarde.
Je ne me rappelle plus très bien comment j’ai ajouté le livre de Michelle Good. Il faudrait que j’utilise la fonction d’ajout de notes dans l’app pour y mettre une indication. Je pense que c’est suite à un tweet de Chantel Hébert, la chroniqueuse de la vie politique canadienne. Dans tous les cas, je ne regrette pas d’avoir acheté le livre sans trop savoir de quoi il retournait.
Le livre aborde le destin de 5 enfants passés par un pensionnat autochtone sur une île au large de la Colombie-Britannique. Ceux-ci sont revenus devant le devant de l’actualité en 2021 suite à la découverte de tombes collectives sur le terrain d’anciens établissements gérés par l’église Catholique en Colombie-Britannique et Saskatchewan.
Ces pensionnats qui ont existé tout au long du 20ème siècle servaient de lieu d’assimilation forcée des enfants autochtones séparés de leurs familles. Beaucoup de ceux-ci ont été violentés par les membres du clergé, d’autres sont morts.
J’avais peur que le livre de Michelle Good soit trop sombre pour moi. Mais je ne pouvais pas plus me tromper. Oui bien sûr il y a beaucoup de choses tristes mais c’est aussi une belle histoire de résilience que l’auteure Cris originaire du Saskatchewan a raconté.
Chaque chapitre porte le nom d’un des 5 enfants. Le récit débute dans les années 60 par l’évasion de l’un d’eux. Les détails ne sont jamais donnés clairement mais les émotions que vivent chacun des personnages nous laissent deviner que les traitements reçus dans l’école sont atroces. Malnutrition, sévices corporels, violence sexuelle, ils n’ont échappé à rien.
Mais très vite l’action se déplace à Vancouver ou plus précisément dans l’est de Vancouver. C’est dans ce quartier que convergent les groupes marginaux comme les prostitué(e)s, les usagers de drogues dures et les adolescents ou jeunes adultes autochtones sans famille.
Tous ne survivent pas dans ce milieu et à cette époque pas très propices au traitement de traumatismes mais il y aussi une solidarité qui s’installe entre les membres de cette communauté.
Il y a Clara et Lucy qui sont parties à l’âge de 16 ans du pensionnat. Clara est la rebelle qui ne garde pas sa langue dans sa poche. Lucy est une copine studieuse. Les deux arrivent à se construire une vie grâce à la débrouillardise de Clara et la carrière de Lucy. Kenny est celui que tout le monde croyait mort qui resurgit mais juste temporairement. Howie est le plus jeune mais dont le chemin commence le plus mal, avec de la prison. La trajectoire de la dernière, Maisie, est la plus courte. Il y a aussi celles et ceux qui ne sont pas sortis vivants de l’institution dont Lily.
On aurait pu penser que chacune et chacun voudraient se reconnecter avec sa famille. Mais on sent bien que le traumatisme de la séparation et surtout des actes cruels rendent compliquée toute réinsertion par le travail, les relations sociales et même la famille. Chacun a connu pendant trop longtemps une réalité différente pour se retrouver après comme si rien n’était.
L’auteur avance dans le temps assez rapidement entre les différents chapitres. Ce petit groupe qui reste soudé pendant des décennies, et dont on partage les bonheurs et malheurs, est attachant. Michelle Good a réussi à consacrer un très beau roman à cette question difficile.
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