Notes de lecture du livre Headscarves and Hymens: Why the Middle East Needs a Sexual Revolution de Mona Eltahawy
J’ai eu la chance de rencontrer l’auteur par l’intermédiaire d’un ami commun. Je n’avais par contre pas eu connaissance de son travail avant. Mona Eltahawy est une journaliste égyptienne qui a vécu en Angleterre avec ses parents avant de les suivre en Arabie Saoudite puis en Égypte où elle a commencé sa carrière professionnelle qu’elle a poursuivie aux USA. Elle habite maintenant au Caire où elle a notamment vécu la révolution du printemps arabe de 2011.
Mona Eltahawy nous parle bien sûr de la condition des femmes au Moyen-Orient en général mais elle augmente cet exposé avec un récit poignant de son propre parcours. Après avoir connu la société libérale anglaise, l’arrivée en Arabie Saoudite ne pouvait être plus dramatique pour une adolescente. Elle décida à 25 ans d’arrêter de porter le voile. Elle fut plusieurs violentée sexuellement et physiquement au cours de ses séjours an Arabie Saoudite et dernièrement durant la révolution égyptienne.
Ce court livre m’a beaucoup plus car l’auteur nous parle de figures ignorées en Occident : le féminisme du Moyen-Orient. Nous sommes plus ou moins conscients des grandes batailles comme l’avortement et des figures derrières ces combats mais on n’a pas la chance de connaître les courants de libération de la femme dans ces pays.
D’autre part elle parle de façon très claire de la double révolution que les citoyennes de ces pays doivent mener : combattre avec les hommes les dictateurs de l’ « ancienne » génération d’où en menant aussi leur propre combat pour les droits des femmes. L’Égypte en est la parfaite illustration, avec la tombée du pouvoir de Moubarak, il a été remplacé par le président Morsi qui n’a été synonyme de grandes avancées pour les femmes. Et la société semble sourde à ces problèmes.
L’autre intérêt c’est celle pour un immigrant français comme moi qui vit en Amérique du Nord. Je viens d’un pays qui a depuis un moment séparé l’État de l’église, un des pays les plus athées et enfin qui a passé une loi interdisant le port du voile dans certains lieux. Je vis maintenant dans une région du monde où la religion est très présente (même si le Québec est une exception) et où le respect des sensibilités religieuses est un sujet très sensible. Le fait qu’une personne qui vient d’une autre région encore parle de ce débat me fait réfléchir. J’ai l’impression parfois que les gens qui défendent une vision séculaire de la société culpabilisent ou le font de façon très modérée de peru d’être assimilé à des racistes. Heureusement il y a des gens comme Mona Elthahawy qui montrent qu’on n’a pas à avoir peur de ses opinions.
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