Notes de lecture du livre Last Call –The Rise and Fall of Prohibition de Daniel Okrent

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Même si vous n’avez pas étudié l’histoire des États-Unis, vous avez forcement entendu parler de la Prohibition. Vous avez vu un film sur Al Capone ou plus récemment vous êtes devenu accro de Boardwalk Empire la série de HBO sur Atlantic City dans les années 20.

Le livre de Daniel Okrent a une vision un peu plus large que le portrait (souvent romantique) du gangster de l’époque. Surtout il attache beaucoup de temps à la dimension politique avant, pendant et après.

Avant car la Prohibition a été poussée par une organisation exclusivement consacrée à seul but : interdire la production et la consommation de boisson alcoolisée. Là où d’autres groupes de pression ont des objectifs divers, l’American Temperance Society n’avait qu’un seul mandat. Il faut dire par contre que les soutiens de l’ATS étaient divers voir parfois contre-nature: les femmes (qui demandaient le droit de vote et fournissaient leur soutien par un apport de voix conséquent), le Ku Klux Klan qui haïssait ces compagnies (les brasseurs comme Anheuser-Busch) détenues par des étrangers et les immigrants qui buvaient trop. Enfin les démocrates qui soutenaient la création d’un impôt sur le revenu (qui serait le bienvenu pour compenser les taxes sur l’alcool). Il fallait faire vite car la mise à jour des districts électoraux selon le nombre d’habitants allaient privilégier les grandes villes plus favorables au maintien du statu quo.

Le reste du livre se penche sur les 13 années de la prohibition en étudiant la difficulté d’appliquer la loi, l’essor des Bahamas (et de Saint-Pierre et Miquelon) comme plaque tournantes des trafiquants, le rôle du Canada comme fournisseur officieux de whisky etc. Ce passage est un peu moins intéressant car plus anecdotique.

Est-ce que la réforme a marché? Elle a sans doute accéléré la réduction de la consommation d’alcool pur qui était d’environ de 10 litres en moyenne par an et par adulte avant son interdiction (ce qui équivaut à 520 bouteilles de 355 ml de bières par an). On estime à 70% cette réduction dans les premières années après le Volstead Act. Il faudra attendre 1973 pour qu’elle atteigne de nouveau ce niveau (elle est aujourd’hui aux environ de 8 litres). Il veut dire aussi que la disparation de la loi a donné naissance à une multitude de législations locales compliquées.

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