Notes de lecture du livre Malay Sketches de Alfian Sa'at
C’est un recueil de nouvelles d’un auteur singapourien. Je lis rarement des nouvelles. Il y a quelque chose à la fois de satisfaisant dans leur lecture, c’est assez court pour connaître la fin rapidement mais celle-ci est parfois plus énigmatique voire frustrante qu’un roman.
J’ai découvert Alfian Sa’at il y a quelques années quand il a écrit cet essai pour la Sydney Review of Books où il énumère (et explique) un mot singapourien pour chaque lettre de l’alphabet. Cet inventaire à la Prévert permet de faire le tour, avec humour, de l’île qui se trouve à la croisée de trois cultures (et de leur religion respective) : malaisienne, indienne et chinoise.
J’ai visité la ville-état il y a quelques années. J’avais, avant mon séjour, l’image d’une cité ennuyante, un centre financier de la région avec un régime au parti unique dans les faits et sujet au népotisme. Je n’ai pas eu beaucoup le loisir d’échanger avec des personnes locales mais j’étais resté sur une bonne impression après ce bref séjour. On sent bien l’influence de chaque culture dans la nourriture et l’architecture des différents quartiers.
Il n’est pas surprenant de retrouver ce mélange dans cet ouvrage. Alfian Sa’at est plus connu pour ses pièces de théâtre qui abordent ces mêmes thèmes que sont l’identité des enfants issues de mariages interraciaux, l’immigration chinoise et son impact sur le concept d’identité singapourienne, le port du voile, la langue dans un pays qui adopte l’anglais comme dénominateur commun, la peine de mort, etc.
On en apprend beaucoup sur la nourriture, les habits traditionnels, l’histoire du pays comme la migration vers la ville des villageois quand le pays a pris sa forme définitive en quittant la fédération malaisienne. On sent un certain syndrome d’infériorité de la population malaisienne face à leurs concitoyens d’origine chinoise. Cela s’exprime, par exemple, dans la pression des parents sur leurs enfants pour réussir à l’école en les comparant à des enfants de descendance chinoise.
J’aurais aimé avoir lu ce livre avant mon voyage, il donne envie d’explorer et de dialoguer avec des habitants pour en apprendre davantage.
Ce livre a été traduit en français sous le titre Nouvelles de Singapour publié aux Éditions Magellan.
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