Notes de lecture du livre Personal history de Katharine Graham

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Katharine Graham est née en 1917 et morte en 2001 à l’âge de 84 ans. Tout le monde connaît le Washington Post et  surtout  son enquête sur l’affaire du Watergate qui déboucha sur la démission de Richard Nixon. Mais on connaît moins, surtout en France,  la personne qui dirigea le journal durant ses annés cruciales. Dans cette autobiographie publiée en 1998 la femme d’affaires américaine raconte bien sûr beaucoup plus que le scandale du Watergate. Délaissée par son père qui deviend millionaire dans la finance et par un mère pas très interessée par l’éducation de ses enfants, la petite Katharine est influencée par ses gouvernantes puis par ses soeurs et frères plus âgés.

Sa vie privilégiée et on peut dire très respectueuse des normes sociales de l’époque concernant les femmes l’amène à prendre un job de journaliste à San Fransisco après des études à Chicago. Mais en rencontrant son futur mari Philip Graham, elle devient l’épouse typique de la bourgeoise de Washington : elle suit son mari de base en base quand il est mobilisé pendant la second guerre mondiale, élève les enfants et s’occupe d’oeuvres de charité.

Son père a acheté le Washington Post lors d’une vente aux enchères en 1933, le journal est alors en faillite. Phillipy est de plus en plus présent après la guerre. Il est aussi très impliqué dans la vie politique, écrivant des discours pour Johnson, Kemmedy et participant au choix de Johnson comme vice-président. Il achète aussi des stations de télévision ainsi que Newsweek. Katharine est toujours à ses côtés bien qu’elle soit la cible de ses sauts d’humeur. Ceux-ci deviennent de plus en plus fréquents et une schizophrénie non nommée se développe. Mal soignée même pour l’époque, il se suicide lors d’un week-end avec son épouse dans leur maison de campagne.

C’est ici que commence la seconde vie de Katharine, elle ne se remarie pas mais dévouera le reste de sa vie ou presque à l’expansion du journal. Cela ne sera pas facile d’abord parce que comme elle le reconnaît elle n’a pas d’expérience en managanement, en finance (d’autant plus importante quand la compagnie sera côtée). Et puis une femme présidente de compagnie dans les annés 60 c’est rare. La rencontre avec Warren Buffet est alors primordiale, ce dernier devient actionnaire puis membre du directoire et surtout va éduquer aux rouages de la finance et de la conduite déntreprise.

Elle va survivre à deux attaques frontales de l’adminitration Nixon lors des enquêtes du journal sur les “papiers du Pentagon” et surtout pendant le Watergate. Enfin une grève de 5 mois paralyse presque le journal. Secteur très syndiqué, le pouvoir des “unions” menace presque la survie du journal lors des négociations des conventions collectives. C’est ici qu’on découvre une femme tenace : les presses du journal vandalisées elle organise la livraison des plaques de gravure par hélicoptères dans des imprimeries en banlieue. Elle tiendra et obtiendra gain de cause. La paix et la prospérité de la compagnie ne sera acquise que dans les années avec l’arrivée d’un nouveau président à ses côtés et le fruit des annés sous sa direction à renforcer la ligne éditoriale (elle a triplé le budget en 3 ans).

Katharine Graham a eu plusieurs vies, elle les raconte avec candeur, décrivant sa peur et ses pleurs lors de certaines réunions avec les directeurs de sa compagnie qui ne la ménagent pas. Amie de beaucoup de présidents elle est restée dans l’ombre comparativement à d’autres propriétaires de journaux. Une femme relativement discrète mais qui a réalisé beaucoup et fini par gagner un prix Pulitzer pour son autobiographie.

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