Notes de lecture du livre The conscience of a liberal : reclaiming america from the right de Paul Krugman
Paul Krugman est un bon chroniqueur politique et un bon économiste. Le premier ayant pris le dessus depuis l’élection de Bush, on pouvait se lasser et regretter le vieux Paul du temps de Dismal Science dans le magazine Slate. “”The conscience of a liberal…” me paraît une justification de la tournure des propos du professeur de Princeton. En 250 pages il nous explique les différents paysages politiques qu’ont connu les USA ainsi que le réformes économiques liées.
Cette fresque peut se découper en 3 grandes parties : Avant le New Deal, le New Deal jusqu’aux années 70-80 et enfin l’époque moderne de Reagan à nos jours.
Avant le New Deal, c’est le Far West : une inéqualité très forte, peu d’interventions de l’Etat. C’est l’âge des barons d’industries comme Carnegie, le droit des travailleurs est inexistant. Le New Deal va ancrer l’intervention de l’Etat dans l’économie avec des réformes dans le système bancaire, fiscal. Les riches sont très taxés, le système de redistributon se met en place. Après la guerre Truman ira presque jusqu’à créer une sécurité sociale universelle … C’est l’émergence de la fameuse classe moyenne. Les démocrates ont pu réaliser tous ces avancées grâce au support des états du Sud. En effet à l’époque le Sud est très pauvre et profite beaucoup des réformes sociales d’où cette alliance. Celle-ci se termine avec les revendications sur les droits civiques des noirs. Pour Krugman c’est ici que les “nouveaux” républicains qui ne pouvaient pas faire décemment campagne sur le thème de “on donne trop aux pauvres” se saissient de la question raciale et gagnent des élections dans cette société de WASP que sont les USA à cette époque (et des gens qui ont le droit de vote surtout).
Les inégalités ont connu depuis les années 80 une forte hausse. On pensait que cela provenait des nouvelles exigences de l’économie et que les emplois peu qualifiés souffraient de cette demande de compétences “en nouvelles technologies”. Mais d’autres pays au niveau de développement comparable n’ont pas connu le même sort. Là aussi Krugman parle plutôt d’un effet politique plus conséquent que l’évolution de l’économie et notamment la baisse du taux de syndication : celui du Canada est resté à 35% depuis les années 60 alors que cela des USA est tombé de moitié.
Mais l’auteur ne fait pas que décrire et consacre la dernière partie aux réformes urgentes que devraient faire une majorité démocrate au congrès et le président : finir les réformes du New Deal et notamment la sécurité sociale médicale universelle. La France est donnéE souvent en exemple et cela ne se dément pas ici. Le président Johnson avait initié un système voisin du système français pour les retraités (medicare) et les pauvres (medicaid) dans les années 60. Cette partie est très interessante car elle résume très bien la situation complexe des acteurs du système de santé aux USA. Le propos se termine par une ouveture sur l’intervention de l’Etat, l’arbitrage entre temps de travail et productivité, etc … le “safety net” i.e. les mesures qu’emploient l’Etat pour éviter aux personnes de tomber dans la pauvreté à la suite des aléaas de la vie (chômage, maladie,…).
Au moment où on reproche à Barack Obama son virage “centriste”, Paul Krugman conseille ne pas trop rechercher le compromis avec les républicains car ces derniers l’ont depuis longtemps perverti. Il est temps pour lui que l’”agenda” progressiste soit mis en place.
Même si parfois le propos est un peu “extrémiste”, sa clareté et sa vision rendent la lecture des ouvrages de Paul Krugman toujours aussi intéressante. On hâte de voir le résultat des futures élections. De celles-ci découleront peut-être des réformes économiques et sociales qui rendront les Etats-Unis plus sereins.
Billet publié dans les rubriques Lecture le