Notes de lecture du livre The year of magical thinking de Joan Didion
“You sit down to dinner and life as you know it ends”. Cette phrase est à l’image du livre de Joan Didion : élégante et simple. L’écrivaine raconte l’année de deuil (et de non-deuil) après la mort abrupte de son mari, John Dunne. Ils reviennent ce 30 décembre 2003 de l’unité de soins intensifs où se trouve leur fille. Ils se mettent à table. Son mari connaît alors un accident cardiaque fatal. Elle décrit l’appel aus secours, les tentatives de réanimation, le départ pour l’hôpital dans cet état second où on se laisse emporter par les évènements.
La rédaction du livre n’a commencé que des mois après le décès car la vie de Joan Didion n’a pas été simple : sa fille qui sortira de l’hôpital en février pour y repartira peu de temps après, victime d’un incident cérébral. Mais surtout l’épouse et partenaire depuis 40 ans d’une vie profesionnelle et personnelle communes (ils travaillaient chez eux) est dans le déni. Ce dernier dépasse la réaction des premiers jours, celle où quand on se réveille le matin on ne s’attend pas à être seul ou quand on revient d’une promenade on a envie de partager une rencontre, une trouvaille. Cela se transfome par une stratégie insconsciente, le “quand il reviendra” qui rend impossible de réorganiser les moindres gestes quotidiens, les meubles, la disposition des vêtements dans les armoires. Il y aussi quelques remords, des phrases incomprises ou mal interprétées. Enfin à l’approche du premier anniversaire il y a cette sensation de perte de fidélité des souvenirs : l’odeur, le visage, les postures. Ce livre m’a particulièrement plu car sans m’émouvoir gratuitement j’y retrouve beaucoup de ce deuil après le décès de ma mère il y a presque 13 ans, un 31 décembre 1994.
Joan Didion ne l’a pas incorporé dans le récit mais sa fille est décédée au cours de l’année 2005.
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