Notes de lecture du livre Unfinished Empire: The Global Expansion of Britain de John Darwin
Quand la description d’un livre annonce que ce dernier va parler de l’histoire de l’empire britannique dans sa totalité, vous vous dites « j’en ai pour 6 mois à lire ce bouquin ». Ce n’est pas le cas avec John Darwin. L’historien a d’une part une écriture très claire pour le néophyte et ce spécialiste de la question arrive à synthétiser la question en 450 pages.
L’image des Empires n’est pas très bonne de nos jours, ils sont considérés comme un des cadavres du placard de la mémoire collective surtout dans les pays occidentaux. L’historien britannique nous rappelle que ce fut le mode d’organisation des États pendant longtemps et bien au-delà de nos frontières. Son bilan est loin d’être entièrement négatif mais surtout il correspond à une phase de l’histoire de l’île européenne.
L’empire britannique est un empire commercial, son expansion dans les Amériques fut d’abord un moyen de trouver d’autres sources de taxes : la perte du commerce du vin (qui rapporte autant que le reste des revenus douaniers) l’amène à explorer les caraïbes. Ces îles stratégiquement placées pour intercepter les vaisseaux espagnols et portugais seront une des premières formes de l’empire : plantation et propriétaires terriens. La vie coloniale n’est pas si romantique des deux côtés car les autochtones sont décimés à cause de l’exposition aux maladies d’autres continents et les immigrants succombent aux maladies tropicales. Son hégémonie maritime lui permettra de maintenir cet empire sans une armée démesurée, même s’il a fallu mener des guerres en Afrique où la présence de sociétés très avancées politiquement les a amenés à privilégier la formation d’alliances. Ce qui ne sera pas le cas en Australie ou en Nouvelle-Zélande car les premiers colons ne rencontrant personne déclarent la terre comme appartenant à la couronne d’où les conflits sanglants qui surviendront plus tard. Au Canada on va suivre la route du rachat ce qui attire beaucoup d’immigrants. Entre 1815 et 1914 20 millions de personnes vont partir des îles britanniques pour les colonies ce qui représente deux fois plus que le reste du continent européen.
Son histoire est aussi celle de l’expansion de la philosophie libérale britannique avec des intellectuels comme John Stuart Mill ou Jeremy Bentham, fondateur du courant utilitariste. Les colonies sont souvent sous l’emprise de monopoles commerciaux comme la compagnie la Baie d’Hudson, des Indes Orientales etc. C’est aussi l’histoire de la modernisation avec l’importance du télégraphe, des chemins de fer ou du bateau à vapeur. Il faut 6 à 7 semaines pour relier l’Angleterre aux Caraïbes grâce aux courants marins mais pas moins de 4 mois pour rejoindre l’Inde. Ce dernier pays constitue le gros de l‘Empire bien sûr. La population de 250 millions de personnes recouvrant l’Inde et le Pakistan actuels (les britanniques ayant fait une incursion malheureuse en Afghanistan) est administrée par un corps de fonctionnaires de 1.000 cadres. Administration est donc composée de beaucoup d’indiens. Il faudra du temps pour qu’un mouvement unifie la résistance au colonisateur (ce qui se fera au début du XXème siècle). Il faut voir que les anglais ont réussi à réunir la population qui était auparavant sous le jour de plusieurs monarques. La révolte de 1857 n’est pas un succès car elle manque d’organisation, d’unité politique. Mais la couronne reprend le contrôle du pays à la Compagnie des Indes Orientales et une assemblée locale est créée.
Il n’y a pas une explication ultime pour expliquer la fin de l’empire britannique mais la seconde guerre mondiale porte un coup ultime avec la pression financière et surtout le besoin de lever une armée en Asie, cette dernière les oblige à accorder l’indépendance en Inde après la guerre en contrepartie. Les britanniques pensaient (sans illusion il semble) pouvoir conserver une présence en Afrique mais leur statut de troisième puissance est remise en cause avec des humiliations comme la crise du Canal de Suez.
Un livre qui parcourt beaucoup donc mais j’appris l’essentiel je pense sur cette chose du passé, l’empire. On ne reviendra pas à cette forme d’organisation donc il y aucune raison pour le caricaturer et ce livre est une bonne vue d’ensemble du bilan anglais.
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