The End, My Struggle 6 - Karl Ove Knausgaard

couverture du livre
couverture du livre

Sixième et dernier volume de la série, il en a commencé l’écriture à la publication du premier tome en 2010. Il habite alors à Malmö en Suède avec sa femme Linda et leurs trois enfants.

On y retrouve son style habituel avec une description très détaillée de sa vie quotidienne. Celle-ci est très remplie avec leurs 3 enfants bien que monotone. Quand je dis détaillée, pour vous donner un ordre d’idée, il nomme chaque article qu’il a acheté au supermarché et, quand il paie, il explicite chaque étape: sortir la carte, l’insérer dans le lecteur puis saisir le code, enlever la carte, la ranger puis recevoir le ticket. Cela peut paraître anodin et ennuyeux mais je trouve ça captivant car on s’attend forcément à une surprise mais elle ne vient pas et finalement c’est assez bien écrit pour apprécier sa lecture.

C’est donc le moment de sa vie d’écrivain où l’hexalogie va voir le jour, le premier tome concerne son père et notamment sa mort assez sordide alors qu’il est alcoolique et est retourné vivre chez la grand-mère. Karl envoie le manuscrit aux personnes impliquées: sa mère, son frère, quelques amis d’enfance et surtout son oncle, le frère de son père. Celui-ci se prononce très fortement contre la publication. Il menace de porter le conflit devant les tribunaux. Il reproche à son neveu de trahir la mémoire de son père et de sa famille. Knausgaard est alors rempli de doutes et de remords.

Il faut dire qu’il nous raconte tout incluant des détails sur sa femme et leurs relations. Et ce n’est pas tellement de leurs secrets qu’il parle mais plus ces petits défaut que nous avons tous mais qui s’effacent dans une vie de couple ou qu’on ose jamais en parler. Il décrit l’anxiété de sa femme qui la rends mesquine, par exemple en lui reprochant de partir 2 heures pour jouer au foot le dimanche matin alors que par ailleurs il ne s’absente jamais et participe à la vie du ménage pleinement.

Mais il parle aussi des membres de son entourage avec tendresse. Par exemple quand ils sont en train de souper un soir d’été sur leur balcon. Catherina, la femme de son meilleur ami, se mets a table. Il nous donne alors une description vestimentaire pour ensuite analyser sa personnalité. Il n’y a pas de malice, il la voit comme une bonne personne et est très content de la connaître.

Il y a ces longs passages où il va écrire sur des sujets plus abstraits. La deuxième partie commence par exemple sur une longue réflexion autour du nom. Cela ne vient pas de nul part car son oncle demande à ce qu’il n’utilise ni le sien ni celui de toute sa famille incluant donc le père qui est l’objet principal du roman. Il évoque ainsi l’importance du nom pour soi et les autres. Cette impression de ne réellement pas se souvenir de quelqu’un quand on arrive pas à retrouver son nom.

Au milieu du livre, on est surpris par ce maintenant fameux long passage (plus de 400 pages!) sur Hitler. Il commence à lire Mein Kampf qui partage le même titre que son roman.

Il fait référence à beaucoup d’auteurs, de courants littéraires qui ne sont pas faciles à décrypter. Le récit biographique d’Hitler est entrecoupé de réflexions philosophiques. Il aborde l’art. Activité qui est unique et locale dans le temps. Puis il parle de la bible, sur laquelle il a travaillé en tant que consultant pour la traduction en norvégien.

Le récit de sa vie reprend alors après la publication des deux premiers tomes, au moment où le troisième va sortir. Il donne des interviews et part en voyage avec Linda. Puis il saute dans le passé une fois encore avec les souvenirs d’un voyage dans le sud avec les deux filles et Linda qui est enceinte de leur fils. Il a tellement peur de contrarier les gens parfois qu’il est sur le bord d’acheter un time-share dans un resort hideux plutôt que de tenir tête au vendeur. Ce passage est assez représentatif du livre, Knausgaard est complètement honnête, il nous raconte tout même les passages les plus honteux pour lui.

La dernière partie, la plus récente, aborde la dépression de Linda qui plonge d’abord dans une phase de retrait, où elle ne sort pratiquement jamais de son lit à une phase de suractivité où elle finit par aller à l’hôpital psychiatrique d’elle-même. Il met sur pause l’écriture de son livre, il s’occupe avec l’aide de sa belle-mère, des 3 enfants. Pour avoir connu des amis avec des problèmes similaires, la description des symptômes de la maladie est parfaite.

Dans les interviews données l’auteur norvégien parle des regrets qu’il a maintenant d’en avoir dévoilé autant. Il a peur de la réaction de ses enfants quand ils vont être en âge de lire l’œuvre de leur père. On peut y voir de l’hypocrisie mais je suis certain qu’il est sincère. Une fois commencé, il ne pouvait pas reculer ou commencer à être trop conscient de ce qu’il faisait. C’est une des raisons pour laquelle il est allé très vite, il ne s’est jamais relu de peur de changer le contenu s’il commençait à ressentir de la honte.

C’est ce que j’ai apprécié au fil du temps, sa totale transparence. Ce n’est peut-être pas l’œuvre la mieux écrite, et on peut douter de certaines de ses réflexions philosophiques écrites sur le moment, mais elle est inédite.

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