Notes de lecture du livre The Road de Cormac McCarthy
Sur le conseil d’un ami je suis allé faire un tour dans la librairie De Stiil sur l’avenue Duluth Est. Une librairie anglophone dans un quartier emblématique de la communauté française à Montréal, intriguant! C’est une belle librairie indépendante, on ne retrouve pas ces classements génériques des meilleures ventes mais une sélection très personnelle de la propriétaire, Aude Le Dubé.
Je suis tombé sur l’ouvrage de Cormac McCarthy, The Road, écrit en 2006 qui est devenu un classique,prix Pulitzer en 2007 et adapté au cinéma en 2009. C’est aussi le premier roman que je lis de lui, même si j’ai déjà regardé dans le passé une des adaptations, No Country for Old Men.
Si vous cherchez un livre « réconfortant », qui donne confiance en l’humanité et sa capacité à relever des défis comme celui du changement climatique ne lisez pas cet ouvrage. L’histoire est une spéculation sur le monde après un événement apocalyptique. Peu de détails sont donnés sur l’origine mais disons que l’humanité n’a pas vraiment réussi à le surmonter.
Les deux protagonistes principaux sont un père et son fils. Ils sont sur la route. Ils cheminent vers le sud des USA espérant y trouver un climat meilleur mais aussi des survivants, « des goods guys » comme ils disent. Il est sous-entendu que la mère s’est suicidée.
La vie de réfugiés n’est pas belle, il fait froid, il pleut ou neige souvent, la cendre est partout. Aucune infrastructure n’a survécu: il n’y a plus d’électricité, d’usines, de voitures, etc. La plupart de la population semble avoir été décimée. Les arbres sont dépourvus de feuilles, il n’y a plus d’animaux. Je vous avais prévenus, c’est du lourd.
La première des deux principales préoccupations est de trouver des endroits protégés pour faire du feu la nuit car le peu de gens qui rencontrent sont des « bad guys », de maraudeurs malintentionnés aux cannibales. La deuxième est de trouver à manger.
Je ne vous raconterai pas la fin mais vous imaginez que ce n’est un de ses épilogues merveilleux bien que pas si noir qu’on aurait pu le penser.
L’écriture de Cormac McCarthy est très économique. Une ponctuation très simple. Par exemple, il n’y a pas de marques typographiques pour les dialogues, ils sont intégrés au reste du texte. Ceci peut paraître déroutant surtout que les personnages n’ont pas de nom, seulement référés par « the man » ou « the kid ». Mais cela marche bien. On ne se perd pas.
Cette écriture sans fioriture n’est pas synonyme d’absence de style romancé. La description de l’état mental du père est notamment très belle.
Tomorrow they would find something to eat. Night overtook them on a muddy road. They crossed into a field and plodded on toward a distant stand of trees skylighted stark and black against the last of the visible world. By the time they got there it was dark of night. He held the boy’s hand and kicked up limbs and brush and got a fire going. The wood was damp but he shaved the dead bark off with his knife and he stacked brush and sticks all about to dry in the heat. Then he spread the sheet of plastic on the ground and got the coats and blankets from the cart and he took off their damp and muddy shoes and they sat there in silence with their hands out-held to the flames. He tried to think of something to say but he could not. He’d had this feeling before, beyond the numbness and the dull despair. The world shrinking down about a raw core of parsible entities. The names of things slowly following those things into oblivion. Colors.
The names of birds. Things to eat. Finally the names of things one believed to be true. More fragile than he would have thought. How much was gone already? The sacred idiom shorn of its referents and so of its reality. Drawing down like something trying to preserve heat. In time to wink out forever.
Certains reprochent un côté répétitif, la description des journées de leur périple peut être en effet très monotone mais justement je pense que c’est cette monotonie qui exerce un effet dévastateur sur l’état mental des voyageurs, on ne pense plus qu’à la nourriture et se mettre au chaud. Cette répétition est à mon sens un des éléments clés du roman.
Le côté très sombre du roman ne m’a pas trop pesé au final car il y a si peu de contexte qu’on ne peut pas vraiment tirer de conclusions générales. La relation entre le père et le fils est très économe, comme l’écriture. Le père pense à “l’après”, quand il ne sera plus là, on sait qu’il va devoir se sacrifier. Le fils parle peu, si ce n’est pour essayer de convaincre son père d’être plus prudent ou faire preuve de plus de magnanimité quand ils rencontrent des voyageurs menaçants.
La fin nous donne quand même une lueur d’espoir, mais il faut passer par 286 pages de scènes tragiques et violentes.
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