The Year 1000: When Explorers Connected the World and Globalization Began - Valerie Hansen

Couverture du livre
Couverture du livre

Je suis toujours fasciné quand je lis les récits de voyage d’une autre époque. Les maladies, famines et autres calamités du passé rendent la vie tellement fragile que je ne m’imagine pas comment traverser un océan ou parcourir des milliers de kilomètres soit encore plus périlleux.

Valérie Hansen nous parle de ce genre d’aventures pendant plus de 200 pages. Son ouvrage est consacré aux relations commerciales dans le monde aux alentours du 10ème siècle.

Chaque chapitre couvre une région du monde qui a connu au 10ème siècle une transformation de ses échanges avec les autres parties du monde. Le monde autour de l’an 1000 est peu peuplé: 250 millions de personnes dont 50% en Asie.

Les Vikings et les Premières Expéditions

Le premier chapitre est consacré aux Vikings et leurs expéditions en Amérique du Nord depuis leurs bases en Islande et au Groenland. Poussés par le manque de terre, les Norses partent vers l’Angleterre puis l’Irlande. Le nom de Viking est donné aux scandinaves qui effectuent des raids.

Contrairement aux conquêtes des Européens dans les Amériques quelques siècles plus tard, il n’y a peu de disparités technologiques entre les Vikings et les peuples indigènes qu’ils rencontrent. Ces derniers comprennent un groupe adapté au grand froid rencontré dans ces régions, les Thulé, qui viennent d’Alaska. Peu de relations sont entretenues ormi le commerce du bois.

L’inadaptation des Vikings au refroidissement climatique les poussent à abandonner leurs bases au Groenland puis en Islande. De plus, le commerce était beaucoup plus attrayant avec l’Europe. Cette première relation transatlantique n’a pas laissé beaucoup de traces.

Les Routes des Amériques

On reste ensuite en Amérique avec les relations entre la civilisation Maya et ses voisins. On retrouve des signes de commerce avec les peuples vivant à Cahokia, proche de l’actuelle Saint-Louis, Mississippi. Cette ville, peuplée de 20 000 habitants, commerçait des pierres comme la turquoise. On a retrouvé aussi des traces de chocolat provenant du Mexique. L’autre peuple qui ont échangé avec les Mayas sont les Pueblos près de Chaco Canyon dans le Nouveau Mexique contemporain.

La capitale du peuple Maya dans le Yucatán, Chichén Itzá, se trouve quand même à plusieurs milliers de kilomètres. Celle-ci abritait 40 000 personnes. Avant que les Aztèques, qui sont plus au Nord du Mexique, ne prennent le dessus on sait que les Mayas commerçaient du métal avec les Incas au Pérou. Ce commerce passait par la mer car la jungle du Panama était un obstacle majeur.

Les Esclaves Européens

Les Rus ,un peuple d’origine scandinave, fédèrent des tribus de l’Europe de l’Est. Ils organisent un commerce de fourrures et d’esclaves avec Constantinople et le Moyen-Orient comme clients. Une des grandes villes de ce royaume est Kiev d’où partent des bateaux pour Sébastopol, un port sur la mer Noire.

La religion devient au 10ème siècle un facteur de globalisation comme le commerce. Les 3 grandes religions prennent alors leurs marques territoriales. Les Rus se cherchent une religion pour mieux souder les tribus. Ils écartent le judaïsme pour sa faiblesse politique dans la région et l’Islam qui a trop de barrières pratiques comme l’interdiction de consommation d’alcool. Ils choisissent l’Église Orthodoxe car le royaume est déjà dans la sphère d’influence de Constantinople.

Celle-ci abrite beaucoup de marchands européens dont principalement des Italiens de Venise et Gênes. Ils obtiennent des privilèges fiscaux en contrepartie d’une protection de leur marine contre les pays musulmans alentour.

L’Afrique et son Or

Avant le commerce d’esclaves vers les Amériques, il en existait un tout aussi actif avec le Moyen-Orient. Il n’était pas rare de voir un esclave libéré dans les pays musulmans donc le contingent de travailleurs forcés devait être régulièrement alimenté.

Le commerce touchait tous les pays du continent: par bateau depuis le Zanzibar, en chameau via Le Caire qui est une des plus importantes villes au monde avec 500 000 habitants.

Les européens ne sont pas en reste avec un commerce triangulaire avec des biens qui s’échangent contre du sel et enfin de l’or. Ce dernier dont l’origine cachée par les intermédiaires provenait en fait du Ghana.

l’Asie Centrale Coupée en Deux

L’Asie Centrale est un territoire où l’Islam et la Bouddhisme se rencontrent. Cette région de steppes est le berceau de grandes armées constituées de cavaliers. Ils sont très efficaces. Avec l’argent (le métal), ces esclaves militaires sont une source importante de revenus pour les royaumes comme celui de l’Uzbekistan. Même s’ils se convertissent à l’Islam, la culture perse conserve une certaine autonomie.

Les peuples Turkics, comme on les nomme, étendent leur influence géographique. Le plus connu de leurs chefs est Mahmoud qui prend possession de l’Afghanistan et pille depuis ses bases le Nord de l’Inde.

Au même moment à l’autre extrémité du continent, un empire, bouddhiste prend forme. L’empire Liao du peuple Kitan contrôle le Nord de la Chine, de la Corée et le sud de la Russie.

Les pays bouddhistes comme Liao, la Chine, le Japon et la Corée entretiennent des relations commerciales. Mais l’empire Liao et celui de Mahmoud n’établiront pas de réels échanges malgré des prises de contact entre émissaires.

La Chine, L’Inde et les Peuples Marins

La Chine était le pays le plus peuplé avec des villes atteignant un million d’habitants.

Mais avant de parler de ce que l’auteure appelle la région la plus globalisée, on se tourne vers les océans Indien et Pacifique. Beaucoup de peuples naviguaient des distances énormes bien avant l’arrivée des explorateurs européens. Par exemple, on sait que l’île de Madagascar a été peuplée, non pas par des pays de la côte Est Africaine mais par des marins venant de l’Asie du Sud-Est comme la Malaisie.

D’autres aventuriers qui provenaient de l’Indonésie ont navigué vers la Polynésie, Hawaï et la Nouvelle-Zélande qu’on considère comme la dernière grande découverte géographique.

En Inde, la dynastie Chola dont le peuple adore Shiva envahit les régions alentour dont le Sri Lanka et y détruit les temples bouddhistes. L’Inde est alors un intermédiaire entre la péninsule Arabique et le reste de l’Asie mais par manque d’infrastructures pour amener des biens vers les ports, il n’y a peu d’échanges de marchandises.

C’est aussi à ce moment-là qu’apparaît l’empire Khmer (ou d’Angkor) dont on sait maintenant, grâce à l’imagerie des satellites et les mesures au LIDAR au-dessus la jungle, qu’il avait les plus grands centres urbains avant l’ère industrielle.

La Chine est le moteur du commerce mondial. Elle importe d’énormes quantités d‘épices, aromates et de bois pour faire de encens. Ces partenaires sont les pays de l’Asie du Sud-Est et du Moyen Orient. Le commerce passe par quelques ports ouverts aux étrangers où les agents de douanes prélèvent des taxes très élevées. C’est une source importante de revenus pour les dynasties chinoises. Elle exporte de la céramique ayant maîtrisé, avant beaucoup, les fourneaux.

Conclusion

J’ai beaucoup aimé cet ouvrage. Il est court donc très dense pour le matériel couvert. On ne s’ennuie pas, le rythme est soutenu. Le monde, peu peuplé, n’était pas pour autant fait de régions hermétiques les unes des autres. Le commerce et les religions sont les forces qui ont conduit les différents peuples à se rapprocher pacifiquement ou non. Il y aussi beaucoup d’échanges individuels. Les émissaires et autres marchands sont souvent accompagnés de poètes, écrivains et scientifiques qui cherchent à répandre l’influence de leur culture ou apprendre du savoir des autres.

A l’école j’ai beaucoup appris sur les explorateurs européens comme Christophe Colomb ou Vasco de Gama mais, bien avant eux, des aventuriers venant d’autres contrées ont ouvert des chemins tout aussi fascinants.

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