Notes de lecture du livre Things Become Other Things (Fine Art Edition) de Craig Mod
Il y a des livres qui se dégustent à petite dose, on a presque peur de les finir trop vite. C’est le cas de l’ouvrage écrit par Craig Mod, son deuxième auto-publié. Quand on utilise l’expression « auto-publié », on pense à ces livres de romance à l’eau de rose disponibles sur Amazon.com à la qualité hasardeuse. On est très loin de ça avec Things Become Other Things (ou TBOT). On est même à des années lumières. L’auteur américain vivant au Japon est tellement attaché aux détails qu’il raconte dans sa newsletter comment il a eu des cauchemars lors des essais de couverture du premier opus, Kissa by Kissa. Il a fait appel à des artisans japonais pour l’impression et le package est soigneusement choisi pour éviter tout désastre durant le transport.
Cela fait un moment que je lis Craig Mod via ses newsletters régulières comme Ridgeline, Roden et celles éphémères quand il part en randonnée dans la campagne ou à travers Tokyo. J’aime son style, simple avec une pointe d’humour utilisant l’autodérision. Je contribue au financement de son activité via un abonnement à SPECIAL PROJECTS grâce auquel il produit toutes ces créations.
TBOT est le récit de ses randonnées agrémenté de photos dans la péninsule de Kii mais c’est aussi un récit autobiographique. Adopté par un couple pas beaucoup plus fortunés que ses parents biologiques, il passe son enfance et adolescence dans une ville en cours de désindustrialisation aux USA avant de partir pour le Japon comme jeune adulte tourmenté. Il y a un point commun entre les deux pays, le Japon rural qu’il traverse étant frappé par le déclin démographique de la population. Mais ce pays a un gros filet de sécurité sociale. Aux USA cela ressemble plus à une descente aux enfers avec de gros trous dans le filet.
Au fil des étapes, et des années qui passent, on comprend que c’est un hommage à son meilleur ami d’enfance, Bryan qui est décédé dans des conditions tragiques. Un hommage aussi à ces derniers habitants qui tiennent des cafés ou auberges dans des endroits isolés de la péninsule.
Je pourrai utiliser le mot résilience pour décrire sa trajectoire de vie mais cela a une connotation trop individualiste. Son talent est indéniable mais il parle aussi beaucoup des gens rencontrés et qui lui ont permis de ne pas connaître le même sort que beaucoup de ses camarades. En premier lieu sa mère qui, avant même savoir qu’elle allait adopter, avait commencé à mettre de l’argent de côté pour son futur enfant afin qu’elle ou il puisse avoir une éducation significative.
Ce livre sera publié par Random House en 2025 mais on sent que cette édition « fine arts » créée par son auteur est le fruit d’une longue méditation à pied.
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